Depuis septembre l'idée vanlife tourne en moi et je me documente tranquille jusqu'à franchir le pas. Je suit des comptes sur les réseaux, je regarde des vidéos... Et puis vient le temps de se lancer dans la conception, l’aménagement. J'ai beau être balance, je sais en général assez bien ce que je veux. Je contacte en décembre, après avoir obtenu le crédit, un couple d’aménageurs de maisons roulantes @latelierbymarickael, en croisant les doigts parce qu'ils sont vraiment le haut du panier dans ce milieu. Malheureusement, et comme je m'en doutais, ils sont bookés sur un an, pas de bol.
En revanche, ils me dirigent vers un autre artisan, dont je tairais le nom et vous comprendrez pourquoi par la suite. Je le contacte, et là de nouveau une forme d’évidence, un super feeling au téléphone, on se capte très bien, il aime le projet. On conclut un accord avec la main d’œuvre au black pour que ça rentre dans mon budget, on valide les équipements, eau + filtration, gaz, panneaux solaires, isolation, habillage, meubles etc...
On s'engage l'un envers l'autre, on fixe des dates, début de chantier mi février, rendu mi avril.
C'est parti, encore là, c'est simple, rien n'accroche, je suis assez hallucinée par la déconcertante facilité qui accompagne ce projet.
Et puis vient l'achat du van, la validation des plans. Avec les deux portes latérales, ça pose de la contrainte, mais ça ouvre aussi des opportunités. Je conçois Senseï pour pouvoir y vivre et y travailler hiver comme été. Je laisse toutes les portes ouvertes pour explorer ce mode de vie sans être limitée par la conception du van. Tout doit rester possible, je dois rester libre... et surtout autonome, en van la liberté réside dans l'autonomie, et ça vaut bien ailleurs qu'en van d'ailleurs.
Fin janvier, je dépose le van chez l'artisan en Alsace. Et si je suis honnête, lorsque je suis arrivée à son atelier et que j'ai senti son énergie, j'ai senti que ça allait coincer. Mais prise par le temps et l'engagement, je lui laisse mon van et un bel acompte en liquide. J'avoue qu'en repartant, je suis entre le désir de faire confiance et l’anxiété de mon ressenti que je tente de faire taire.
Je laisse passer le temps et puis début février, je commence à aborder la liste d’achats et c’est là que ça commence à se gâter. Je pense qu'il a un peu mal chiffré et à mesure les équipements se voient réduits... Je suis malheureusement face à un individu assez enclin à l’entêtement et la mauvaise foi, le dialogue est très compliqué. Mais à force de diplomatie, et de négociation, on parvient à se mettre d’accord sur la liste d'achats et je commence à faire chauffer ma carte bleu. C'est assez flippant de dépenser autant d'argent comme ça, ça ne m'est jamais arrivé.... Je savoure cette douce illusion d'être pleine de sous...
Et puis mi février arrive, le dialogue est de plus en plus difficile, je demande des nouvelles du chantier, on ne me répond pas, au fur et à mesure il cesse tout simplement de me répondre et de me tenir au courant du chantier. Bien, évidemment en me culpabilisant pour ne pas prendre sa responsabilité. En le suivant sur les réseaux, je vois qu'il est toujours sur le chantier précédent et que donc l’aménagement de Senseï n'a pas commencé.... Le temps file et le stress monte, chaque échange est de plus en plus violent et difficile, je ne sais plus quoi faire. La date de rendu arrive, il ne répond toujours pas. J'ai de mon côté un certain nombre d'enjeux, la sous-location ou le rendu de mon appart, l'organisation de mon activité sur la route.... Bref ça devient chaud, chaud, chaud....
Finalement il finit par avouer que rien n'est fait qu'il lui faut du temps. Et moi, je vois les difficultés d’amoncelées ce n’est plus possible. Je laisse quinze jours de plus, toujours pas suffisant, je finis par ne plus en pouvoir du mutisme, de la mauvaise foi, et surtout de l'angoisse de savoir mon van là-bas sans que je ne sache ce qui lui arrive, autant il l'a revendu, il refuse de m'envoyer la moindre photo.
Finalement je craque, finis ou pas finis je vais récupérer Senseï je ne peux pas le laisser plus longtemps, de toutes façons je dois quitter mon appart, il me faut mon véhicule.
Tout ce stress, cette angoisse lancinante sont en train de transformer ce rêve en cauchemar. J'aurais dû m’écouter. Et ce sera la grande leçon de la préparation, s’écouter quoiqu'il en coûte. Je m'en veux tellement de ne pas avoir dit stop quand je l'ai senti.
Je vais récupérer Senseï avec Gaël, le 17 mai, et l'artisan se bute tellement qu'il refuse que Gaël m'accompagne à l'atelier, c'est dingue jusqu’où ça va. J'ai bien failli arriver chez lui avec les flics tellement c'était tendu...
Mais bref je récupère Senseï très loin d'être fini... Mais je l'ai, il est avec moi, ensemble on est en sécurité et on y arrivera.
Encore une fois, merci Gaël.
J'ai déposé Senseï le 30 janvier et je l'ai récupéré le 17 mai. Il n'a été fait que les ouvertures, la pose du panneau solaire et les meubles bas. Il reste, l'eau, l'elec, les meubles hauts, tout le traitement du bois, l’aménagement, la percée de la cloison de séparation, les mousses... Bref une bonne moitié du travail... Mais c'est ok, je me retrousse les manches, après tout je fabrique aussi bien mes meubles que mes vêtements, y'a pas de raisons.
17 mai Senseï est à Montreuil et je vais devoir le finir alors que je travaille full time, que je prépare le départ etc... Ce n’était pas prévu et ça va être sport mais c'est parti je me mets au travail.
Voilà où nous en sommes à l'arrivée à Montreuil...