Le temps est une thématique centrale de nos vies.
Pourtant il n'est qu'un concept abstrait, il n'est pas palpable, mais on le ressent, il est des temps qui passent vite et d'autres qui s'étirent. De quoi sont-ils remplis ces temps qui nous élèvent et que leur manquent-ils à ces temps qui nous abattent ? La saveur d'une émotion, d'un sentiment, d'une connexion, d'une satisfaction.
On peut se demander, lorsque ça se produit, qu'est-ce qui a rendu ce temps si doux ? Et puis identifier cet ingrédient et le garder en soi pour recommencer.
Le temps se mesure, se quantifie, il y a les heures, les minutes, les jours, les mois, les années et c'est finalement depuis qu'il est mesuré qu'il a commencé à nous manquer. Comment occuper ce temps, comment le rentabiliser ? Avant l'invention de l'horloge, il n'y avait que le temps juste. Un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps. C’était évident, quelles sont les taches nécessaires, à quoi suis-je disponible, de quoi j'ai envie, qu'est ce que la météo ou la saison me permet ? Qu'est-ce qui m'est accessible ? C'était finalement assez simple.
Au moment de remplir notre journée, nous pourrions à nouveau nous poser ces simples questions: Qu'est-ce qui est nécessaire ? A quoi suis-je disponible ? De quoi ai-je besoin ou envie ?
Le temps se voit, il s'inscrit sur et dans nos corps, dans nos vies, les carrières ont avancé les enfants ont grandit, le temps a passé, on le constate comme ça, par les traces qu'il laisse.
Nous le vivons à chaque instant sans savoir que nous le vivons, il est notre bien le plus précieux et celui auquel nous sommes le moins attentif. Car en fait la vie, c'est juste le petit trait entre les deux dates sur notre pierre tombale, c'est juste ça. La vie n'est que le temps qui nous est donné sur cette terre. Alors il prend une mesure mystique, symbolique, tellement précieux, presque si vertigineux qu'on oserait y toucher. Et pourtant nous n'y prêtons pas garde. Nous n'y apportons pas de valeur, nous gardons l'essentiel pour après. Je le vois dans mes accompagnements, pas le temps de prendre soin de soi, pas le temps de jouer avec les enfants, pas le temps de réaliser ces rêves, pas le temps d'aller voir ses parents... Pourtant ce qui nous remplit, ce qui nous reste à la fin, ce n'est pas le temps passer au travail ou sur son téléphone, ce qui nous nourrit, c'est bien souvent le temps oisif, improductif, celui qui s'est fait rare, celui d'un câlin, d'une discussion, d'une rencontre, d'une contemplation, d'une création... La qualité (nutritive) de notre temps tient dans ce à quoi nous l'employons et c'est rarement quantifiable.
Mais alors à quoi passons nous notre temps ? La aussi, ce sont peut-être des questions à se poser, peut-être en fin de journée, à quoi ai-je occupé mon temps aujourd'hui ? Est-ce que cela m'a nourrit, rempli.e ?
En même temps, le temps n'existe, ne devient palpable que par ce à quoi nous l'utilisons, c'est ainsi qu'il prend forme et qu 'il existera ensuite dans nos vies, dans nos êtres. Il est des secondes qui font tout basculer et des années perdues. Nos vies sont la façon dont nous utilisons le temps et ce choix-là nous appartient à chaque instant, il y aura toujours le quotidien, le patron, le travail, les contraintes et les coups durs et c'est certain ce monde nous vole ce que nous avons de plus précieux, cependant même s'il peut paraître difficile, ou inaccessible nous avons toujours le choix de ce que nous faisons de notre temps.
Le temps qui fait nos vies, le laissons nous filer ou nous emparons nous pour bâtir ?
La façon dont nous utilisons notre temps façonne qui nous sommes, elle construit nos vies. Ce choix-là est peut-être le plus important de tous. Alors plutôt que de le perdre ou d'en manquer si nous décidions de le prendre, de le valoriser, de le chérir ?