Il est 3 h 33, je me réveille en sursaut avec ces mots qui martèlent dans ma tête, guérir est impossible. Contre toute attente, cela provoque un grand soulagement.
Nous cherchons la guérison de tous côtés, de toutes les manières possibles avec des méthodes et techniques plus nombreuses chaque jour. Nous cherchons désespérément un ailleurs que l'on ne trouve jamais.
Quand on pense à guérir, on pense à revenir à l'état d’avant le traumatisme, d'avant la douleur, ou on cherche l'état d'après, celui d'un moi idéal, de la meilleure version de soi-même.
Cette quête de la guérison implique que nous soyons tournés vers un ailleurs qui n'est pas ici. Nous portons notre regard sur notre histoire, nos ancêtres, invoquons notre futur. Nous cherchons à être autre chose que ce que nous sommes, à un autre endroit que celui où nous sommes. Nous nous pensons défaillant. C'est cela finalement cette quête effrénée, chercher à être autre chose, et ailleurs que là où nous sommes, rejeter ce que nous sommes.
Cette guérison là est impossible.
C'est une évidence. Et finalement un apaisement, car dès lors que l'on pose que la guérison est impossible, que cet ailleurs n’existe pas alors on est obligé d'être ici et maintenant, même si c'est gênant, nous sommes dans l'obligation de commencer à accepter. Je suis telle que je suis, c'est imparfait, c'est inconfortable, mais c'est ce que je suis ici et maintenant et aucune méthode ne me permettra d'y échapper, je dois le traverser.
Le corps, lorsqu'il guérit, ne cherche pas à retrouver l’état d'avant et n’anticipe pas non plus l'état d'après il s'adapte, il se recompose à partir de l’état présent, il rétablit un nouvel équilibre, il se réinvente.
Guérir, ce serait accepter ce qui est là sans omission pour pouvoir commencer à créer un équilibre neuf à partir de ce matériau.
La guérison serait un processus de création. : Passer d'un état à un autre sans savoir vers quoi on va, juste le découvrir...
